Le Green IT ou Informatique Durable, c'est quoi exactement ?

Tous les secteurs d'activités tendent vers le vert. Le numérique n'échappe pas à cette règle. Le Green IT - ou informatique durable/responsable - est au cœur des débats tant l'empreinte environnementale du numérique devient significative, en augmentation continue. Selon l'approche, plusieurs démarches existent comme Green4IT et IT4Green. Ces dernières visent respectivement à réduire l'impact des solutions numériques mises en œuvre et à développer des solutions numériques pour réduire les impacts environnementaux des processus concernés.

État des lieux de la pollution numérique

Sources de la pollution numérique

Le secteur du numérique émet actuellement 4 % des émissions de CO² mondiales et consomme 9 % de l'électricité mondiale. Les trois sources principales de pollution sont :

  • les équipements
  • les infrastructures réseaux
  • les data centers

Les data centers et les infrastructures informatiques sont très gourmands en énergie et créent une pollution importante, qui augmente continuellement. Les data center requièrent beaucoup d'électricité pour fonctionner, mais aussi pour leur refroidissement. Ils nécessitent également beaucoup d'énergie et matières premières pour la fabrication des équipements et la construction des locaux. Enfin, le recyclage des équipements anciens, avec un potentiel de recyclabilité important mais loin d'être totalement appliqué actuellement, demande à nouveau de l'énergie.

Origines des émissions du CO² du secteur numérique

Selon l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie), les émissions de CO² du secteur numérique proviennent pour :

  • 50 % du fonctionnement d'internet : transport et stockage des données, fabrication et maintenance de l'infrastructure réseaux
  • 50 % de la fabrication des équipements : ordinateurs, smartphones, tablettes…

Pour illustrer cette pollution, si l'on compare le processus de fabrication d'un smartphone à un chemin, cela représente 4 fois le tour du monde.

Les différents types de démarches de Green IT ou informatique durable

Le Green IT représente l'ensemble des pratiques ayant pour objectif la réduction de l'impact sur l'environnement. Il est communément articulé autour de 3 périmètres : 

  • le Green IT 1.0
  • le Green IT 1.5
  • le Green IT 2.0

Ce sont 3 démarches de développement durable différentes, voire complémentaires, avec des acteurs, des pouvoirs de décision et des budgets bien distincts.

Green IT 1.0

Dans le Green IT 1.0 , on prend en charge l'impact sur l'environnement dès la conception du produit ou du service. On parle alors d'éco-conception ou conception numérique responsable (CNR). C'est ce que l'on appelle aussi le Green4IT. C'est l'ensemble des procédés mis en œuvre pour réduire l'effet de l'informatique sur l'environnement.

Green IT 1.5 

Le Green IT 1.5 se base sur la conception d'un système d'information de développement durable (SIDD). Elle permet de réduire l'impact de l'organisation physique de l'entreprise. L'entreprise veille notamment à baisser l'empreinte de ses infrastructures de communication. Cette démarche, ainsi que le Green IT 1.0, vise à optimiser l'impact des solutions mises en œuvre pour rendre le service

Green IT 2.0

Le Green IT 2.0 a pour objectif de réduire l'impact écologique d'un bien ou service grâce au numérique. Les spécialistes parlent d'éco innovation de rupture. On parle dans ce dernier cas de IT4Green qui vise à utiliser les technologies de l'information et de la communication (TIC) pour réduire l'impact sur l'environnement. On va au-delà de l'optimisation pour inventer de nouveaux modèles économiques et comportementaux.

Ces 2 visions, Green4IT et IT4Green, sont complémentaires et tendent vers le même objectif : faire aussi bien, voire mieux, en réduisant l'impact environnemental, d'où le terme d'éco-conception.

Comment mettre en place une stratégie green en entreprise ?

Le point de départ d'une stratégie green en entreprise consiste à faire le bilan de son impact numérique en calculant l'impact des serveurs, des réseaux et des appareils. Comme dit Lord Kelvin, « If you can't mesure it, you can't manage it » qui peut se traduire par « On ne peut améliorer que ce que l'on sait mesurer ».

Ainsi, pour concevoir un numérique responsable en entreprise, la mise en place d'une véritable stratégie RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) devient primordiale. Selon la Commission européenne, cette responsabilité se définit comme l'intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales. Le label Numérique Responsable est le principal indicateur de la RSE de l'entreprise.

 

L'enjeu est de taille pour les entreprises. Il s'agit de mettre en avant et en valeur la sobriété numérique sans pour autant entraver l'innovation technologique indispensable pour la compétitivité. Il est de taille et il en vaut la peine :

  • l'entreprise développe une plus grande résilience qui fait appel à une certaine agilité face aux changements
  • l'entreprise développe également son image vis-à-vis des clients et des collaborateurs
  • le bien-être dans l'entreprise augmente avec un alignement sur des valeurs partagées par beaucoup
  • une étude a démontré un lien direct et positif entre « un comportement d'innovation technologique et la mise en œuvre de pratiques relevant de la RSE » et entre ce comportement d'innovation et « le degré d'engagement dans la RSE»

Cette stratégie permet de changer en profondeur les comportements avec une prise de conscience des conséquences de chacun de nos actes ou non actes.

Quelques bonnes pratiques pour réduire son impact

Concrètement, certains actions ou choix permettent déjà de faire des gestes écoresponsables :

  • supprimer régulièrement les mails inutiles
  • choisir un hébergement plus écologique : faire tourner les data center en énergies renouvelables et réduire la consommation d'énergie et donc la climatisation
  • limiter les visioconférences au profit des appels téléphoniques
  • acheter des équipements reconditionnés, réduire les achats de matériel neuf, suivre la règle des 3R (réparer, recycler, réutiliser). 88 % des Français changent de téléphone alors qu'il fonctionne encore. Selon l'ADEME, passer de 2 ans à 4 ans d'usage des tablettes et ordinateurs réduit de 50 % notre impact environnemental
  • optimiser l'affichage des écrans pour limiter la consommation d'énergie

Ces gestes simples ne sont que quelques exemples non limitatifs. Cependant, ils peuvent contribuer de manière importante à réduire notre empreinte écologique sans pour autant nous brider. 

Comment encourager le Green IT ou informatique durable auprès des entreprises ?

Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à surfer sur la vague verte. Des incitations financières, des allègements fiscaux et différentes pressions facilitent cette démarche qui résulte avant tout de valeurs. 

Selon une enquête réalisée sur les entreprises françaises, l'adoption du green IT semble être influencée par différents types de pressions institutionnelles : 

  • coercitives : sanctions
  • normatives : référentiels, labels, normes…
  • mimétiques : imitations

À ces pressions s'ajoute en trame de fond une orientation environnementale basée sur des valeurs et des croyances. 75 % des entreprises interrogées estiment la RSE comme un sujet important.

Pour que le numérique reste un outil de progrès et de possibilités fantastiques, en réponse à l'imagination de l'être humain, prendre en compte ces enjeux est primordial pour continuer d'en profiter et d'en faire profiter les générations futures.